Pierrot LERAT VANSTAEN aux essais pré Mans avec le YART ( Yamaha Austria Racing Team )
Jeudi 21 mars, j’ai rendez vous sur le circuit du Mans pour les essais préparatifs des 24 heures qui se dérouleront les 21 et 22 avril prochain.
Entré en contact avec le team début de l’inter saison, je me suis vu refermer l’ouverture d’une place de titulaire.
Mais à quelques semaines de la première épreuve, c’est la place de remplaçant dans le team Vice champion du Monde 2006 qui s’est ouverte à moi.
Pour cela, je dois réaliser quelques tours sur la Yamaha R1 n°7 afin de valider ma place. N’étant que les premiers tours de la saison de cette machine, la matinée est réservée aux titulaires.
14h15, j’ouvre la porte du box. Igor Jerman que je connais bien puisque nous avons partagé les guidons des machines du Zongshen Team entre 2002 et 2004, m’interpelle et m’envoi dans la minute au vestiaire. Au moment où j’ouvrais la porte, le team apprenait la chute de Sébastien Scarnato. De retour quelques instants plus tard, je fais connaissance de l’équipe Autrichienne.
Les pilotes titulaires sont Igor Jerman, Sébastien Scarnato et Damian Cudlin (transfert du team Phase One).
Pour l’équipe technique, Christian Giglio, une ancienne connaissance du team Zongshen lui aussi (et qui a bien poussé pour mon arrivé au sein du team) est en charge de la mécanique en général et Steven, un technicien Belge, gère les suspensions. Le reste de l’équipe est Autrichienne.
Pas trop le temps de me familiariser avec tout le monde que la R1 m’attend. Christian me refait un tour rapide, accélérateur à droite, frein avant à la main droite... Les autres membres de l’équipe nous regardent avec de grands yeux. Je n’ai pas roulé depuis le Bol d’Or, mais je pense que je retrouverai mes marques.
Je monte sur cette magnifique Yamaha, équipé d’un matériel, comment dire ? Haut de gamme ! Première et je sors du box, 2nde, 3ème... Je suis en piste. Je me sens bien à l’aise et le genou est déjà au sol que je n’ai rien vu venir, la prise de confiance est immédiate. Pas de précipitation tout de même, je n’ai pas roulé depuis 6 mois. Je sors du garage vert pour entamer ma première grande ligne droite. Je ne tiens même pas les gaz en grand. Put..., comme ça pousse !!! Le temps de me remettre les idées en place que les chemins aux bœufs sont déjà là. Je saute sur le frein avant... ce n’était pas nécessaire. En une fraction de seconde alors que je croyais mes yeux sortis de leurs orbites, je suis arrêté avant l’entrée du virage. La puissance et le mordant des freins sont impressionnants, une simple légère pression vous propulse à l’avant de la moto pointant directement son nez au point de corde suivant. Au bout de quelques tours je rentre au box, descends de la moto et reprends peu à peu mes esprits.
Je suis encore étonné par la puissance du freinage, le caractère moteur, la tenue de route... Et là, Christian n’hésite pas à rajouter que la moto en est à sa première sortie sur piste et qu’il y a encore beaucoup de développement en vue.
Vendredi matin, après une bonne nuit pour me remettre de mes sensations, je suis de retour en piste.
Les chronos descendent, je suis plus rapide que Damian, commence à pouvoir livrer de bonnes infos toujours contrôler et confirmer par Steven et sa télémétrie.
A chaque sortie, de nouveaux réglages sont testés, validés ou non, la moto évolue et Igor fait claquer les chronos. Pendant ce temps, Damian se familiarise avec la moto et les pneus, et moi, malheureusement, je dois me contenter d’une vingtaine de tours en deux jours, je ne suis que remplaçant !
Frustrant, d’avoir un tel jouet devant vous sans pouvoir vous lâcher complètement et en profiter pleinement. Mais réconfortant quand le lendemain, une fois rentré à la maison, le team m’a appeler pour me confirmer l’intégration au sein du team et ma place de remplaçant...
Essias prè Mans II part.
Mardi 3 avril, je suis de retour sur le circuit de la Sarthe.
Le circuit où se dérouleront dans 15 jours les 24H00 du Mans Moto 2007. Ma place de 4ème assuré en poche, la grande interrogation est de savoir si Sébastien Scarnato, blessé aux premiers essais, sera présent.
Dès mon arrivé en fin de matinée, Sébastien est bel et bien présent. Il m’informe sur son état de santé. Son entorse à l’épaule a encore besoin de repos, il ne faut pas encore forcer dessus afin de croire à son rétablissement pour les 24 Heures. Souhaitons que cela lui suffira et qu’il sera en pleine forme dans 15jours.
Pour ma part, Christian Giglio m’explique le déroulement. Igor et Damian sont toujours en développement afin de régler au mieux la moto. Tellement de possibilités à tester en si peu de temps, le but est simplement de trouver le meilleur compromis.
Igor, dit le bûcheron roule avec n’importe quoi et claque les chronos, Damian semble perdu et encore en transition pour son passage dans le Yart. Le pilote « régleur », c’est Séb, malheureusement, c’est dans le box qu’il opérera ces deux jours.
Vient rapidement mon tour de monter sur la R1 n°7. Une fois en piste, je suis un peu moins choqué par le moteur et les freins de cette machine, mais je dois continuer à m’y habituer. C’est une machine pour le podium final, elle est montée de mains de maître et pas grand-chose à lui reprocher. Pourtant au bout de trois tours, je rentre au box. Je ne me sens pas aussi à l’aise que lors de mes premiers essais. La moto me semble moins évidente à emmener là où bon me semble.
Les autres pilotes n’ont pas ressenti les mêmes sensations, mais les mécaniciens se lancent dans un contrôle improvisé. Bilan, l’assiette de la moto est un centimètre décalée de ce qu’elle devrait. Un bon point pour moi, qui ai pu identifier ce changement malgré un manque de roulage.
La pause déjeuner passée, mon nouveau programme de la journée ; le rodage de disques de frein. Il faut prévoir quelques paires de disques pour la course, alors mon rôle est de les roder pour ne pas être pris de court pendant la course. Trop de motos en piste, il est demandé à tous les teams de ne sortir désormais qu’une moto. Mon nouveau programme s’arrête donc rapidement, pour que Igor et Damian puissent continuer de rouler.
Christian s’approche de moi avec un grand sourire. Là, je sens bien qu’il a une connerie en tête. Il est prévu une intervention pour le réglage châssis de la moto. Pendant ce temps, je pourrai repartir avec le mulet. Jusque là tout va bien. Mais mon nouveau défi !!! Trouver la panne d’essence.
Initialement prévu pour 4 litres d’essence, Sébastien jouera en ma faveur et fera mettre 8 litres dans le réservoir, pour que je puisse tout de même rouler un peu.
C’est parti. Mes chronos descendent tour par tour, je retrouve un bon feeling. Ca accélère fort, ça freine très très fort, pas besoin de fatiguer sur le levier, ça glisse, je me fais plaisir sur cette moto. Et là ! Le voyant s’allume. Bon, elle est pour quand la surprise ? Je suis déconcentré, je recherche moins les chronos en doublant d’autres concurrents, je me concentre à compter les tours. Finalement c’est au bout de 3 tours ½ que la moto commence à avoir des ratés.
Je lève la main, et longe au ralenti le bord de piste. Secoues un peu la moto pour finalement arriver jusqu’au box. Cette fois, c’est moi qui ai le sourire, je n’ai pas poussé.
Le lendemain, je pourrai tester la moto mise au point par Igor et Damian.
C’est une véritable arme, je suis vraiment charmé par cette R1 2007 du team Yart, mais pas moyen de se satisfaire de ça, on testera encore de nouvelles possibilités. Une fois une bonne base acquise, ce sont des essais pneumatiques qui sont lancés. Puis des simulations de relais, et pour finir, un essai de pneus qualifs.
Les chronos parlent pour Igor, ceux de Damian un peu moins, mais ça se rapproche. Moi, ça parle beaucoup mais de vive voie. N’ayant pas pour rôle de tester les pneumatiques, je me suis longuement baladé dans la voie des stands.
Faut dire que comme me l’a souligné un journaliste, je suis un des pilotes qui a chevauché le plus de bonnes machines de ces dernières années. Le Junior Team LMS, Team Dap 91, National Motos, Suzuki SERT, Power Bike, sans oublier le team Zongshen maintenant retiré de l’endurance. Alors il me fallait bien une journée pour passer dire bonjour à tout le monde.
Alors ! Rendez vous les 21 et 22 avril pour les 24 Heures du Mans.
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