Bangkok – vendredi 3 mars – minuit. Je suis a l'aéroport devant le
comptoir Thai et la belette me dit que mon billet est à jeter a la
poubelle. Je devais prendre cet avion pour rentrer en France après
une semaine a 38 degrés au bord de la piscine, et ma secrétaire s'est
gourrée de date pour le retour. Pas de vol dispo sur les trois
prochains jours…. Ca va pas le faire, mais pas le faire du tout. Je
dois partir en Espagne pour les bikersdays.. et encore je dois
m'arrêter a Toulouse récupérer mon pote Jean-Yves et son mecatwin
pour venir avec moi retrouver Gé et Débo à Catalyuna. Tu parles, j'en
suis pas encore là.
Quand je pense que le 998 sort de révision, est en slicks, a un
antidrible, un poly de piste, une araignée alu, des bretelles neuves
et est révisé… tu vas voir ce qu'elle va prendre la secrétaire quand
je vais rentrer.
Je change de comptoir dans un aéroport surchargé, on me propose de
passer via Sydney, genre 32 heures de vol et le décalage horaire en
plus… finalement, je trouve un vol vers Pékin puis transfert a Paris…
depuis le moment ou j'aurai quitté l'hôtel au moment ou je serai chez
moi, trente heures trente… je suis frais... Kevin me file un coup de
main pour charger la moto et le départ est décalé au dimanche matin
de paris, genre 5h30, m'en cogne, de toutes manières avec le décalage
horaire, je dormais plus…
Je traverse la France vers Toulouse sur la neige… merde, hier 38
degrés, la au tableau de bord de ma caisse, y a écrit -5 degrés….
J'ai pas le temps. J'ai programmé le GPS pour pas prendre les
autoroutes, je ne sais pas si c'est une bonne idée. Vu l'épaisseur de
la neige, la beheme avec sa remorque passe tel le paquebot et double
la déneigeuse de la DDE par la droite. Ca va quoi, a 65 sur la double
voie, j'ai pas que ca a faire moi. La ou je suis resté scotché, c'est
quand un bahut polonais m'a fait l'exter a 135 sur l'autoroute sur la
neige… merde, soit il est blindé, soit encore plus fou que moi… Je
passe à Limoges vers 11 :00, file un coup de grelot a Troncs, mais il
devait être a la même fête que mon polak, car sa femme me dit qu'il
est encore bourré et dort comme un bébé… ça fait déjà 6 heures que je
roule. Tant pis, je pourrai pas lui pisser dans son aube au gars
troncs. Je poursuis ma route vers le sud. J'arrive à Toulouse vers
15 :00. Je charge la mecatwin sur la remorque, je mange un bol de
nouilles au piment, bois deux verres de rouge et gaz : l'Espagne nous
attend. On arrive sur le paddock de Catalyuna grâce au GPS (merci
Vince le pisteur pour tes conseils ) après avoir longtemps hésité
a la frontière pour savoir si on achetait du ricard ou des chips, ou
si tout simplement on irait dans le « dancing de Lulu la Nantaise »
dont la pub si prometteuse ne pouvait pas laisser un marin au long
cours comme moi totalement impassible. Rien fait à Bangkok, rien à la
frontière… je vieillis mon gars. Il est donc 19 :30 quand on déboule
à Catalyuna. Il y a encore tous les bahuts des essais des motogp
autour de nous. Waoooo. Les camions de la Dorna, de l'Irta, les
Michelin, Dunlop etc… Putain, le PST prend de l'ampleur maintenant.
Des qu'on fait un truc qui sort du commun, les gus des GP flippent et
préparent la grosse artillerie ;-) Ils ont eu de la pluie toute la
journée parait il. Rossi s'en est pris une, Edwards repart en beheme
de kéké. On se caille grave la nuit, je dors comme a Spa, dans deux
duvets, avec ma polaire et pète toutes les deux minutes pour garder
un halot de gaz chauds autour de moi afin de pas crever ; à moins que
ce ne soit la saucisse de Toulouse et le 2 kg que Jean Yves a mis sur
le BBQ. Le barnum de Gé est bien pratique pour nous protéger du
froid. Enfin, j'en sais rien, je suis fatigué de mes 11 heures de
bagnole, 30 heures de vol et 6 heures de décalage horaire.
Heureusement qu'on n'a pas baisé a la frontière, ça se trouve,
j'aurai pas honoré le drapeau
Réveil vers 7 :00 car l'heure c'est l'heure, en fait, depuis 5 :00
les bahuts de la dorna quittent le circuit. Petits joueurs, ils ont
les pétoches de se frotter a nous ouais ! Le soleil apparaît, ça
tombe bien, le PST ne sort que quand il y a du soleil, ou plus
exactement, on emmène le soleil avec nous a toutes nos sorties. A
9 :00, la série des poireaux rentre en piste. Même émotion que la
première fois au Mans quand tu rentres dans la ligne droite devant
les stands. C'est grand, très grand, pro, très pro même. La grosse
tour de ferraille en bout des stands indique l'heure et le nom du
circuit… t'es à Catalyuna camarade, c'est à toi de rentrer en piste.
Fiouuuuu, c'est le moment de vérité. Pas oublier de faire chauffer
les pneus non plus. C'est pas les nombreux visionnages des cameras
embarquées des motogp qui vont me mettre a l'aise. Bon, je m'en
cogne, on est le 6 mars, je suis en Espagne sous le soleil, il fait
18 degrés alors qu'ailleurs en France c'est l'apocalypse. Tu vois où
je veux en venir ? la vie est belle, c'est tout. Je suis en sélecteur
inversé pour faire paille lot de compet et essayer de m'habituer a
cette configuration. Je suis en pneu slick pour la première fois de
ma vie aussi, et j'ai un embrayage anti dribble aussi pour la
première fois. Comme c'est pas assez comme challenge, j'ai pris
option trop bu hier, mais c'est la faute aux 5 litres de corbieres.
Moi, j'ai bien aimé. Arf.
Que je te parle du circuit un peu. Revêtement genre billard, piste
large avec virages relevés et en devers négatif pour certains.
Grandes courbes en accélération pleine angle, quelques freinages
façon 180 degrés en descente, grand bout droit aussi. Me suis bien
marré en guidonnage en 5 a fond, en fait c'est ma faute, l'amorto de
direction se durcit en tournant dans l'autre sens… hi hi hi.
L'embrayoir est la trouvaille de cet hiver. Imagine, t'es a fond de 6
vers 280, pas encore complètement lancé quoi, mais vite déjà. Au
bout, tu as un droit/gauche que tu dois passer aux alentours de
80/100km. Bon, tu passes le panneau 400m, puis le 300, et a 250 tu
rempiles de 6 en 3 et lâche l'embrayage et tu empoignes ton PR19
(merci Gé) qui vient serrer les disques flottants (merci Jipé). La,
ça fait comme dans un dessin animé. Le paysage fait élastique et
vient s'emplafonner devant toi. La 1000 gsxr qui a l'accélération au
milieu de la ligne droite t'avait collé 30 mètres et que tu as
redéposé au freinage (lopette qui prend son machin a 400 m) n'est
plus qu'un élément du décors et toi tu ressorts de ton pif paf et
passe la 4. Enfin, tu la passes quand tu peux, car je m'en suis pris
une le deuxième jour car le sélecteur appuyant sur le poly, j'ai rien
pu passer du tout. Ah si, l'herbe puis les graviers…. Coup de bol,
j'ai réussi a freiner suffisamment fort pour perdre 80km/h en 10m et
finir sur l'élan dans la caillasse…. He he he, j'ai rien lâché quoi ;-
) pas de dégâts sur la moto, mais comme j'ai mangé du caillou, j'ai
préfère attendre le retour en dépanneuse pour ouvrir les conduits et
vérifier qu'il n'y avait rien de passé dans le bloc. Ouf. La fête
peut continuer. Le reste de la journée est magnifique. C'est encore
l'hiver en gaulle et ici tu tombes le tee shirt. Les séries
s'enchaînent à un rythme suffisamment accéléré pour que tu sois
surpris que la journée prenne fin. Gé qui est cascadeur me demande le
support de caméra. Et le voilà faisant une série le caméscope sur son
réservoir pour notre grand bonheur. C'est poilant ce truc. J'ai même
le nuage de poussière de mon bourrage dans ce grand droit !!! –
mauvaise foi on : il ne m'aura pas eu a la régulière le Gégé ; il
aura du attendre que je me bourre pour me passer – mauvaise foi off,
en fait, il a un sacré coup de guidon l'ancien. Vivement que je sois
vieux ;-)
Mardi soir, gros barbeque avec Jean Yves qui nous fait enfin manger
un peu des légumes rapport au transit…. ;-) on finit le deuxième
cubis de rouge et on prend la route pour le Sud espagnole le mercredi
matin alors que les nuages ont apparus. Il est donc temps qu'on se
barre quoi. Arrêt sur la cote d'or et face à la plage de sable,
ventrée de tapas, de binouses fraiches et de café au soleil. La
casquette de Gégé qu'il me prête gentiment pour sauvegarder les deux
cheveux qui me restent transpirent elle aussi tout ce qu'elle peut et
je me retrouve avec une barre de décoloration rouge sur la tronche
qui fait rigoler tout le monde. On arrive au soir sur le deuxième
circuit. Et oui, en une semaine, on se colle avec ce truc de fous
deux circuits de Motogp… dans le temple des fans de la course. Nous
voici à Valencia, 400 bornes au sud de Barcelone. Un vent à décorner
les camions. Le bahut kawa est parqué devant nous. Enfin ce qui en
reste après qu'il se soit couché sur l'autoroute avec 6 motogp dedans
a 650 000 usd le bout, les outils et pièces…. Et deux chauffeurs a
l'hosto. On attachera les tentes avec des sangles aux camions,
remorques, voitures tant c'est la tempête. Mais bon, il fait 28.5
degrés à Valencia, on arrivera donc à supporter ça… Ma femme me dit
qu'il flotte à Paname… he he he. Valencia, c'est un tout autre
circuit, une autre philosophie de la piste. Tu es dans un immense
stadium. Pour les spectateurs ça doit être top, une bonne paire de
jumelles et tu vois tous le circuit. Pour les pilotes, c'est une
autre histoire. T'as pas de répit sur cette piste. Je pense alors que
je commence à être extenué, aux pilotes de moto qui font 50kg de
moins mais 100 à 150 cv de plus qu'ils doivent être morts tétanisés
ici. Les courbes s'enchaînent, nerveuses, courtes, rapides et te
sautent a la tronche. On est passé en chasse courte d'ailleurs, c'est
déstabilisant aussi, car la 998 devient très/trop vive pour moi qui
suis habitué à être détendu du zboub. Durant les deux jours, même
avec les conseils des uns et des autres, je n'arrive pas a prendre le
virage 15. Tu sors d'un gauche 180 en léger devers négatif qu'il faut
bien prendre a la corde, mais du coup ta vitesse de passage est trop
lente, viens prendre le point de corde a l'exterdu gauche qui suit
comme la suite logique du dernier pour rentrer dans un escargot. La
jonction entre les deux où tu dois rentrer un rapport, freiner et
faire pivoter la moto,donc changer d'assiettte le tout en même temps
sans te bourrer me bloque. J'y serais pas arrivé du week end.
D'autant plus que tu as les teams espoirs KTM avec nous.. Saloperies
de petits merdeux. C'est démentiel à voir. Les mômes avec leurs deux
temps nous passent avec 30 à 50 km/h de mieux dans ces courbes dans
lesquelles ils se jettent sans éprouver la moindre peur !!! très
spectaculaire, surtout quand ils rentrent en roue libre en courbe et
remettent les gaz de leur pétaro à ta hauteur créant une explosion de
db… fou. J'ai eu peur deux fois, je l'avoue. J'avais pas vu venir le
môme qui me passe au raz des nouilles à l'inter là où j'aurai pas pu
faire tomber un gant. Chapeau les demis couilles.
On rencontrera le soir au restau les chinois du team zongshen. Je me
souviens d'avoir discuté avec Wang à Carole sur son adaptation à la
France. Je reconnais un mecano et on papote. J'essaye de leur tirer
les vers du nez en déconnant, car ils ne sont pas la avec leurs 2 et
demi mais avec des 1000 CBR…. Alors, vous passez au motogp ? Peut pas
te répondre me dit Wang, c'est secret, désolé… merde, ça excite
encore plus ma curiosité. On n'en saura pas plus. Les deux hollandais
avec lesquels nous sommes voisins depuis le début de nos aventures
nous invitent royalement au resto ce dernier soir pour fêter la fin
de la semaine espagnole. On se boit donc un coup de remy martin pour
pas être chien. On venait a 19 :30 de nous faire virer du circuit par
la sécurité alors qu'on pensait coucher une nuit de plus et partir au
petit matin. Tant pis, on démonte dans le noir après l'apéro. Gé
avait déposé le tube de fourche pour leur mettre dans la poire aux
pingouins de la secu en scoot. Faut croire qu'ils ont compris, ils ne
sont pas revenus à la charge…. On finira donc au restau tardivement.
Mais bref, on s'est bien marrés. Résultat des courses, on prévoit le
Mugello maintenant… Le retour a été poilant aussi. Traversé d'Andorre
sous la neige dans les cols et des stations de ski avec ma 998 sur
remorque. Je l'ai donc emmené faire du ski ma mémère pour la
remercier. On faisait pas trop les fiers cependant avec la propulsion
en montant puis en redescendant les cols… Imagine quand la douane
nous est tombée dessus. Et pourquoi la moto là, elle n'a pas de
plaque ? et vous faites quoi ? et vous allez où ? DTC m'aurait bien
fait rire, mais c'était pas le moment, surtout que notre douanier
était un expert de la motocyclette. Il avait un baby four et
demandait a mon pote Jean Yves sur quel base moteur était son
mecatwin… tu parles d'un expert. Quand il a roulé des mécaniques avec
sa japonaises anglaises, je lui ai demandé candidement s'il comptait
acheter une moto un jour….On a tout déballé et comme il ne trouvait
rien, on s'est barré. Valence – Toulouse avec le shopping a Andorre
et douanier en 11 heures ; puis 7 pour rentrer a Paname. J'ai trouvé
un magnifique fût d'essence de GP AGIP que j'ai ramené avec moi. Ca
sera un super souvenir à poser dans mon atelier. Chouettes vacances
donc que notre virée en Espagne pour démarrer la saison. Tout le
monde est rentré entier, les meules aussi et elles nous ont rendu au
centuple tous les efforts et investissements de cet hiver. Donc on
s'inscrit pour le Mugello mi octobre pour conclure la saison. Entre
temps, vivement les 300 miles, je suis prêt maintenant.
Malades ? Non, c'est le PST
Sergio
le PST au ski en Espagne -
20/03/2006, 10h43
sacré fiesta !!
Mode linéaire
