Le dernier combat
Dernière course de la saison MotoGP sur le circuit de Valencia. Et pour bien terminer, quoi de mieux que de voir le titre MotoGP se jouer sur cette ultime manche? Francesco Bagnaia a 23 points d’avance sur Fabio Quartararo. Ce serait une première pour le pilote italien en MotoGP, et une première pour la marque rouge depuis 15 ans.
Après 19 courses, nous ne connaissons toujours pas le champion du Monde MotoGP. Le titre qui se joue à la dernière course, c’est toutefois assez rare ces dernières années. En effet, Quartararo ou Mir avaient remporté la couronne avant la manche décisive et Marc Marquez s’était habitué à remporter le titre dès la tournée outre mer.
Même si cela risque d’être vite plié ce dimanche, rien n’est joué et c’est ce qui fait la beauté du sport.
Pour Fabio Quartararo, il n’y a qu’une position qui comptera dimanche après-midi. La première et rien d’autre. Et espérer un très gros faux pas ou de la malchance pour Bagnaia (une chute ou une casse). Le titre serait une très grosse surprise car on ne voit pas comment ce scénario peut se passer.
Que Pecco Bagnaia commette une erreur alors qu’il ne lui suffit que d’une 14ème place est possible. Mais que dans le même temps, Quartararo remporte la course, cela se complique;
En effet, les Ducati vont encore être les favorites de ce week-end. On se souvient de l’an dernier avec le premier triplé réalisé par la marque italienne lors de cette course à Valencia. Que ce soit Enea Bastianini, deuxième à Sepang, Jorge Martin qui était en tête avant sa chute en Malaisie, Jack Miller qui voudrait bien terminer son aventure chez les rouges, Johann Zarco qui peut jouer devant, ou encore les deux pilotes VR46 qui sont en forme, Fabio Quartararo n’aura pas la vie simple.
Ducati a donné des consignes d’équipe à leurs pilotes. Ne pas prendre de risque face à Bagnaia. On l’a vu quelques fois depuis plusieurs GP, et certaines fois on peut se poser la question de la réelle envie des coéquipiers de Bagnaia de le dépasser. Les pilotes sont tous sous contrat avec Ducati et ils ne vont pas prendre le risque de se faire mal voir.
Mais sans parler de ce titre qui risque d’être vite joué, qui sera à surveiller pour cette dernière course de la saison?
Tout d’abord un pilote qui n’a pas encore gagné cette année en la personne de Marc Marquez. Sur le podium en Australie, en retrait en Malaisie, le blessé de longue date a montré qu’il est revenu en forme. Valencia est un circuit qu’il apprécie, dans un sens anti-horaire, ce qu’il adore, un circuit qui pourrait convenir à sa Honda , et surtout la dernière course de la saison où il voudra montrer qu’il ne faut pas l’oublier. Marquez sera dangereux! Mais attention, on sait aussi qu’il est capable de tout dans ces moments là. Ralentir des autres pilotes, jouer avec eux, Marquez pourrait bien être le joker de cette course.
Les Ducati sont en nombre et ils peuvent tous s’imposer ce dimanche.
Jack Miller quitte la marque italienne ce dimanche soir après cinq saisons. L’australien peut encore terminer 4ème du championnat en cas de victoire et d’abandon de Bastianini. Par ailleurs, Miller est monté sur le podium lors des trois dernières saisons à Valencia et reste sur une période prospère lors de la tournée outre mer. Avec deux podiums, une chute malheureuse en Australie (merci Alex Marquez) et une sixième place en Malaisie, Miller voudra bien terminer son aventure italienne avant d’aller chez KTM.
Jorge Martin, actuellement 10ème du championnat a vécu une saison moyenne avec des hauts mais aussi beaucoup de bas. La course de Sepang est un peu le résumé du pilote espagnol. Une pole position incroyable le samedi, un très gros départ et un rythme effréné mais aussi une chute à haute vitesse quelques tours plus tard. L’an dernier, Jorge Martin avait terminé 2ème en réalisant la pole position. Auteur des deux dernières pole en Australie et en Malaisie, Martin est en forme. Lors des six dernières éditions de ce GP de Valencia, Martin a gagné deux fois et compte trois autres podiums. Il ne serait donc pas surprenant de voir le pilote Pramac jouer encore devant.
Son coéquipier Johann Zarco n’a toujours pas gagné en MotoGP. Et cela risque encore d’être difficile pour lui puisque son point faible depuis le début de saison est le point fort de ses adversaires Ducati: les départs. La mise en route de Zarco est toujours compliquée. Ce n’est pas un problème de réactivité, mais plutôt lorsqu’il faut passer la deuxième puis la troisième. Plusieurs fois Zarco a eu des problèmes de holeshot device ce qui lui bousille sa course. Malgré de belles remontées, cela ne lui permet pas de jouer les podiums ou la victoire. Mais à Valencia, Zarco n’a pas que de bons souvenirs. Même si on se souvient de sa presque victoire avec Tech3 en 2017, seulement battu dans le dernier tour par Dani Pedrosa, depuis ce moment, ce n’est pas la joie pour le français. Il n’est jamais remonté sur le podium depuis 5 participations.
Enea Bastianini peut terminer troisième du championnat. Ce qui était une très grosse cote en début de saison peut se réaliser en cas de victoire. Avec déjà quatre victoires cette saison, deux autres podiums, Bastianini est la très bonne surprise de l’année 2022. Même si à Sepang on aurait sûrement pu voir le pilote Gresini s’imposer si Pecco Bagnaia n’avait pas été juste devant lui, Bastianini pourrait jouer sa propre carte ce dimanche en fonction de la position de Quartararo. Bagnaia ne devrait pas avoir besoin de l’aide de son futur coéquipier pour remporter ce qu’il attend.
Chez VR46, Marco Bezzecchi et Luca Marini ont été rapides lors des dernières courses malgré quelques ratés. Mais sur une course, les deux pilotes peuvent jouer la pole position et le podium.
Mais le pilote Ducati qui sera observé pendant les trois jours est bien entendu Bagnaia. Le champion du Monde Moto2 en 2018 a été impressionnant cette saison lorsqu’il est resté sur ses roues. Avec sept victoires, 10 podiums, 5 pole positions, il est le leader dans toutes ces catégories. Vainqueur du BMW Award qui récompense le pilote avec les meilleures qualifications sur la saison, Bagnaia aura tout de même la pression. Même s’il ne lui faut que 2 petits points, on l’a vu cette saison avec déjà cinq abandons. Surtout, au vu de la densité du plateau MotoGP, on pourrait très bien voir un pilote emporter l’italien au sol. Ce qui n’est pas rare Valencia notamment dans les premiers tours. Bagnaia ne devrait pas prendre tous les risques, mais si Quartararo se qualifie très bien et prend un excellent départ, cela pourrait bien mettre un peu plus de pression sur le pilote Ducati.
Chez Honda, on termine la pire saison de l’histoire de la marque au blason ailé. Plus de quarante ans que les japonais n’avaient pas été aussi fanny en catégorie reine. Excepté Marc Marquez, rien ne sera à sauver de cette saison pour eux. Sauf un dernier baroud d’honneur pour Pol Espargaro et Alex Marquez qui vont quitter la marque japonaise ce dimanche soir.
Chez Suzuki, l’émotion sera au rendez-vous avec le départ de la marque japonaise de la catégorie. Une décision qui n’est toujours pas comprise par de nombreuses personnes, encore plus quand on voit les derniers résultats d’Alex Rins et notamment sa victoire en Australie. Un sentiment de gâchis prédomine en cette fin d’année. Deux pilotes qui ont brillé sous les couleurs bleues, remportant même un titre pour Joan Mir. Mais tout cela s’arrête suite aux décisions venues du Japon. Dommage!
Les deux pilotes espagnols vont vouloir terminer de la plus belle des manières leur aventure Suzuki avant de partir chez Honda. Alex Rins compte 4 victoires et 16 podiums alors que Mir compte 1 victoire (ici à Valencia) et 13 podiums.
Même si la saison aura été difficile depuis l’annonce à Jerez en mai dernier, il ne faut pas oublier ce que les deux pilotes ont apporté à la marque ces dernières saisons.
Chez Yamaha, un seul pilote sera observé. Fabio Quartararo croit encore en sa belle étoile et la possibilité de garder sa couronne mondiale. Même si cela sera très difficile et ne dépend pas que de lui, le français n’a plus rien à perdre. Il faudra tenter le tout pour le tout s’il veut encore rêver. Avec un excellent podium à Sepang, Quartararo ne pouvait pas espérer mieux. On sait que sa moto est inférieure aux Ducati, mais il essaie comme il peut de faire de son mieux. Excepté quelques courses en retrait sur cette deuxième partie de saison, Quartararo n’aura pas de regret à avoir dimanche soir quel que soit le résultat. Peu de pilotes auraient réussi à tenir aussi longtemps en tête du championnat dans ces conditions avec une moto aussi déficitaire en moteur. Maintenant, c’est comme on dit au poker “All In” La victoire n’en sera que plus belle!