Bastien Chesaux roulera sur les talons de Tom Lüthi
MOTO | A 17 ans, le pilote de Belmont piaffe d’impatience. Après 8 courses en mondial 125 la saison dernière, il fait le grand saut. Le 12 avril, il prendra part à son premier GP en 250 cm3 au Quatar.
© ODILE MEYLAN | Bastien Chesaux sait que la première saison sera très difficile. Pas une raison pour se décourager: «Je suis là pour apprendre», dit-il.
JEAN-MARC RAPAZ | 25.03.2009 | 00:01
L’expression est parfois galvaudée. Pas dans le cas de Bastien Chesaux. A 17 ans (18 en novembre prochain), le pilote de Belmont se révèle étonnant de maturité en tête à tête. D’ici à quelques semaines, il sera sur la grille de départ du premier GP 250 de la saison au Qatar. Au guidon d’une monture de 100 kilos pour 100 chevaux capable de grimper à 270 km/h. Nul doute, ce sera chaud bouillant dans le casque du néophyte vaudois.
D’autant plus que la tâche de Bastien s’annonce des plus ardues. Dans un peloton de fous furieux équipés pour la plupart de machines d’usine, le Vaudois partira avec un sérieux handicap au guidon de sa Honda privée.
Bastien n’en a cure. Il vit un rêve, lui dont les murs de sa chambre sont couverts de posters des stars du circuit. Valentino Rossi, Casey Stoner et consorts, ils y sont tous. Alors tant pis. Tant pis s’il doit faire la course dans la roue de ses adversaires la majeure partie de la saison. De toute manière, il sera d’abord là pour apprendre. Au sein de son team allemand dirigé par Dirk Heidolf, il a signé une entente de longue durée qui devrait l’amener en quatre ans à jouer les premiers rôles dans la nouvelle catégorie des 600 cm3 appelée à remplacer l’actuelle 250.
Le pilote Chesaux n’avait de toute façon pas d’autre choix que de regarder vers le haut. Après le championnat d’Allemagne 125 et une fin de saison dernière en mondial, c’était évident, il lui fallait une machine plus puissante. «Je mesure 1,76 m, ce n’est pas grand, explique-t-il. Mais c’est déjà pénalisant en 125 par rapport à des pilotes espagnols qui mesurent 1,50 m. Avec une moto qui pèse 70 kilos seulement, ce n’était plus possible.»
Ce changement de catégorie a son prix. Pour courir en 250, sans aucun salaire, le pilote et son entourage ont réuni un demi-million de francs, joli magot qui ira intégralement dans les caisses de l’écurie. Cela dit, c’est un signe: les sponsors croient au talent de cet espoir qui sait aussi se montrer patient.
Les mécènes ont quelques bonnes raisons pour le soutenir. Dans tous les championnats où il a couru, Bastien a toujours progressé après un temps d’adaptation. En mondial 125, il a ainsi réalisé en fin de saison une 21e et une 22e place sur quarante participants au départ. Preuve qu’il a sa place chez les grands.
Avec un papa ancien champion suisse en 750 et une maman passionnée, le pilote bénéficie par ailleurs d’un soutien appréciable. Sur les circuits, il est suivi par Sylvain Richard, un ami de la famille. «C’est un peu un deuxième papa.»
Tout ce petit monde a aussi la tête bien sur les épaules. Bastien continue ainsi ses études au gymnase. Grâce, il est vrai, à un directeur très compréhensif et des aménagements d’horaire. Sérieux, le gamin de Belmont l’est aussi dans sa préparation. Durant tout l’hiver, il a peaufiné sa forme avec pour résultat cinq kilos de muscles supplémentaires.
Tout pour la moto. Lorsqu’on lui demande s’il est distrait par les charmantes hôtesses qui protègent du soleil les pilotes sur la grille, Bastien est formel. «Là, j’ai une chance unique de faire un truc en moto. Je ne veux pas la laisser passer, je suis concentré sur ma course.»