Outre les problèmes de chattering du train arrière évoqués précédemment, Casey Stoner profite du micro tendu par le service de presse de Repsol pour revenir longuement sur la séance d’essais de trois jours menée la semaine dernière en Malaisie. Nouvellement intégré au Repsol Honda Team, le champion du monde 2007 tire un bilan détaillé de ses retrouvailles avec la RCV et la compare à la Ducati qu’il a pilotée ces quatre dernières années.
Comment se sont passés ces trois jours, Casey ?
Casey Stoner : « D’une manière générale, nous avons réalisé de bons progrès. Nous avons testé de nombreuses choses, en alternant les deux châssis, l’un plus rigide et l’autre plus flexible. Nous avons essayé d’identifier celui qui offrait les meilleures sensations. Nous n’avons pas encore réalisé de gros changements sur le set-up, ce qui est très positif. Nous avons simplement testé différentes choses, plus dans l’optique de confirmer qu’elles fonctionnent plutôt que pour vraiment les évaluer. Au final, nous avons réussi à faire fonctionner beaucoup mieux la moto en pneus usés et avec un contrôle de traction différent qui freine un peu plus vite le patinage des roues, ce qui nous a aidés à améliorer notre vitesse en courbe. »
Que penses-tu des deux versions du châssis que tu as testées ?
CS : « Pour le moment, je préfère le pus rigide, celui que j’avais testé à Valence. Mais le châssis flexible possède également des qualités : c’est d’ailleurs avec lui que j’ai signé mon meilleur temps, même si c’est parce que j’ai chuté avec le plus rigide que je n’ai pas pu beaucoup l’utiliser. Ce châssis rigide semble trouver plus de grip quand on redresse la moto, mais l’autre permet de mieux utiliser toute la surface du pneu. Lors des prochains essais, nous devrons pleinement comprendre certaines choses, mais nous avons déjà une idée et ce que nous voulons c’est la confirmer. »
Comment se comporte la Honda en comparaison de la Ducati ?
CS : « Les deux motos demandent une approche totalement différente. La Honda me surprend à chaque tour, encore et encore. Lorsque j’entre trop large dans un virage, je ne sais pas comment je vais le passer et je me retrouve tout à coup sur la ligne blanche. C’est une grande différence, une chose à laquelle je dois encore m’habituer : je dois comprendre où se trouve le meilleur point en entrée de virage. C’est très différent de ce à quoi j’ai été habitué. Nous nous rapprochons pas à pas. [Jeudi] nous avons bien progressé et j’ai commencé à me sentir plus à l’aise. »
Qu’est-ce qui est le plus fatigant, en particulier sur la distance d’une course ?
CS : « Physiquement, je pense que la réponse est simple à trouver. Nous avons cumulé beaucoup de kilomètres durant ces trois jours et mes mains sont pleines d’ampoules ! Mais je me sens bien. J’ai eu un peu de mal à dormir mardi, et mercredi j’étais un peu fatigué, mais je me suis mieux senti jeudi. Physiquement je me sens fantastiquement bien sur la moto. Le châssis le plus flexible est peut-être un petit peu plus compliqué dans les changements de direction et il faudra garder cela à l’esprit. Mais, d’une manière générale, je suis très heureux de cette moto. »
Andrea Dovizioso a parlé de problèmes de chattering avec l’embrayage. Est-ce que ça t’est également arrivé ? Est-ce un problème très sérieux ?
CS : « Oui, c’est l’une des choses les plus importantes que nous avons remarquées ici (à Sepang, ndlr). Nous avons dédié les deux premières journées en travaillant presque exclusivement sur l’embrayage pour essayer de réduire le chattering. Nous avons avancé sur ce point et nous avons essayé de l’affiner le dernier jour. Ca fonctionne un petit peu mieux, mais nous devrions l’améliorer encore. »
Penses-tu que le travail sur le set-up sera suffisant ? Ou bien les ingénieurs doivent-ils changer quelque chose ?
CS : « Ils ont travaillé sur de nombreuses zones du set-up et ils ont proposé des solutions depuis les derniers essais, mais je pense que nous pouvons progresser un peu avant la prochaine séance. Nous sommes en mesure d’améliorer un peu la situation avec la configuration et l’électronique, mais nous ne pouvons pas véritablement résoudre le problème. Je pense donc que cela doit être fait à l’extérieur et que les ingénieurs sont les plus aptes à trouver une solution. »
Quel est ton principal problème avec le chattering ?
CS : « En gros, quand on entre dans le virage et qu’on relâche l’embrayage pour rétrograder, la moto vibre, cela fait bouger toute la moto à l’entrée du virage. Cela nous empêche de nous pencher plus et de freiner plus fort, parce qu’elle continue à vibrer et le contact avec l’asphalte n’est pas parfait. De plus, si la moto ne suit pas parfaitement la piste, le frein moteur et le couple n’aident pas le freinage. Tout a un effet, d’une manière ou d’une autre : à un certain moment, le frein moteur interfère donc trop et bloque la roue arrière. C’est ce qui se passe lorsque l’on voit un pilote Honda entrer dans un virage avec la moto de travers, ou en wheelie. Pour atteindre une excellente performance en freinage, il faut être parfait et éviter le blocage de la roue et le chattering. C’est très difficile à obtenir. »
Nous avons vu trois pilotes Honda dominer le classement. Qu’en penses-tu ?
CS : « Pour l’instant, je me concentre sur moi. Naturellement, à la fin de chaque journée, nous avons utilisé un pneu tendre pour essayer de signer le meilleur temps, mais nous nous sommes surtout concentrés sur d’autres domaines pour tenter d’obtenir un feeling parfait avec la moto. C’est chaque fois différent et je n’ai pas bouclé assez de tours pour me sentir à l’aise avec tout. Nous avions tellement de choses à tester. Le dernier jour je me suis quand même senti plus en terrain connu et nous avons bien progressé. Les temps sont descendus très facilement et tout s’est mieux passé. »
As-tu plus confiance dans le train avant de cette moto en comparaison de celle que tu avais l’an dernier ?
CS : « Oui, beaucoup plus. La Honda demande simplement un style de pilotage différent de celui de la Ducati. Il est clair que ça n’est pas une moto lente et j’ai remporté plus de victoires que quiconque ces quatre dernières années, mais elle est simplement différente. Par exemple, nous avions beaucoup de problèmes avec les suspensions de la Ducati, en particulier sur ce circuit. Elle se dérobait également beaucoup dans les longs virages, parce qu’il y avait beaucoup de points de freinage, ce qui nous faisait un peu souffrir. En contraste, ces trois jours ont été absolument fantastiques. Je suis tombé jeudi parce que j’ai perdu le grip avec la roue avant, mais ça n’est arrivé qu’une fois. C’est différent du passé. »
As-tu croisé les pilotes Yamaha en piste et peux-tu les comparer aux Honda ?
CS : « Je n’ai rencontré personne en piste. J’ai vu un pilote essayeur, mais je n’ai pas été assez proche de quiconque pour me faire une idée de son niveau. Il faudra attendre les premières courses pour cela, parce que je ne veux pas suivre un pilote et il en va de même pour la plupart d’entre eux. Il est difficile de trouver quelqu’un en piste quand on fait des essais et de se faire une idée du niveau de l’autre moto, surtout quand on teste des pièces parce qu’on ne sait pas s’il se sent à l’aise avec ce qu’il essaye ou pas. On ne peut pas tirer de conclusions. »
As-tu testé les pneus ?
CS : « Oui, même si ils n’ont pas apporté de gain de performance notable. Ca n’était pas le but de ces essais, il s’agissait juste de faire quelques changements. Je préfère la gomme [tendre] standard que nous avons eu jusqu’à présent. La gomme dure semble un peu plus prévisible. Ils essayent de recueillir toutes les données et nous essaierons quelque chose de plus lors des prochains essais. »
As-tu essayé la suspension ?
CS : « Non, nous n’avons pas du tout touché aux réglages car il valait mieux nous concentrer sur ce que nous avons fait. Lors des prochains essais, nous améliorerons le pilotage de la moto et nous testerons la suspension. »
Comment as-tu trouvé la Honda RC212V ? Telle que tu l’imaginais ?
CS : « C’était étrange. Lors des premiers essais, à Valence, je m’attendais à ce que certaines choses soient meilleures, d’autres moins bonnes. Je m’attendais à rencontrer beaucoup de difficultés avec les freins, mais en fait mon feeling a été très bon. Je pensais que l’accélération serait incroyablement puissante dès le bas des tours, mais j’ai trouvé le moteur doux. Il y a d’autres choses encore auxquelles je ne m’attendais pas. Je suis très heureux de ce que j’ai trouvé et c’était d’ailleurs un peu mieux que ce que je pensais. Je suis satisfait du package. »
Avant toi, un autre Australien, Mick Doohan, a porté les couleurs de Repsol Honda. Comment t’es-tu senti la première fois que tu t’es vu dans le miroir aux couleurs de Repsol ?
CS : « Quand Mick courrait aux couleurs de Repsol, c’était un peu différent, mais pour moi cela signifie beaucoup d’être dans cette équipe. C’est un super team et c’est génial d’être ici avec deux autres pilotes. Il est intéressant de voir que, quand Mick y était, il y avait également trois pilotes : la situation se répète ! Je suis très excité par cette saison et aussi à l’idée de suivre les traces de Mick Doohan. C’est un très grand privilège pour moi. »
Communiqué de presse Repsol Media Service
source : motogp.automoto365.com