DÉMÉRITER, verbe intrans.
A.− [Le suj. désigne une pers.] Se comporter de façon à encourir la réprobation ou la mésestime d'autrui; se rendre indigne de quelqu'un ou de quelque chose.
Démériter du sport (Lar. encyclop., Lar. Lang. fr.). Anton.
mériter.
−
Vieilli. Démériter de qqn. Perdre son estime en abusant de la confiance qu'il nous avait témoignée.
Démériter de ses amis (Caput 1969).
−
Usuel. Démériter auprès de, aux yeux de qqn. Perdre son estime par sa manière d'agir ou d'être.
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Rare [En parlant d'une œuvre hum.] :
1. C'est une belle question de peser pourquoi, maintenant, les œuvres sur la guerre
ont démérité aux yeux du public...
Barrès,
Mes cahiers, t. 14, 1922-23, p. 245.
−
Absol. Démériter (en qqc.). Perdre le droit à l'estime du fait de sa conduite répréhensible.
Il n'a pas démérité. Ils m'ont demandé s'ils avaient démérité, s'ils avaient manqué à leur service (G. Leroux,
Roul. tsar, 1912, p. 12).
B.− THÉOL. Se comporter de manière à encourir la réprobation divine, un châtiment divin, de manière à être privé de la grâce de Dieu :
2. ... Dieu tolère le mal, conséquence du libre arbitre dont il a voulu doter les anges et les hommes, pour qu'ils puissent
mériter ou
démériter...
Théol. cath. t. 4, 1 1920, p. 1033.
Rem. Dans ce sens le verbe peut except. être trans. (avec un compl. d'obj. interne). Perdre par sa conduite répréhensible le bénéfice d'une grâce divine.
Une parenté profonde unit la nature et notre esprit. Nous l'avons déméritée par une chute historique (ou transhistorique) (Mounier,
Traité caract., 1946, p. 389).
IMMÉRITÉ, -ÉE, adj.
A. − Qui n'est pas mérité.
Blâme, chagrin, châtiment, échec, mal, malheur, mépris, reproche, supplice immérité; défaveur, défiance, honte, misère, offense, sanction imméritée. C'est là, je le suppose, un outrage immérité. Mais chacun sait que la force des préjugés est grande et qu'à notre insu ils peuvent nous fausser l'esprit, nous induisant à tenir pour bons tous les arguments qui les favorisent et pour nul tout ce qui leur paraît contraire (Clemenceau,
Iniquité, 1899, p. 446).
La conduite de mon père à mon égard gardait ce quelque chose d'arbitraire et d'immérité qui la caractérisait, et qui tenait à ce que généralement elle résultait plutôt de convenances fortuites que d'un plan prémédité (Proust,
Swann, 1913, p. 37).
B. − Qui n'est pas dû au mérite.
Honneur, prestige, titre, triomphe immérité; chance, fortune imméritée; biens immérités : Il me dit sans rire qu'il préfère Beethoven à Debussy, que Debussy a un succès
immérité, que ce qu'il fait est habile, mais
« monotone », que
Pelléas « c'est toujours la même chose », que le drame de Maeterlinck roule sur de petits événements de l'âme qu'il est inutile d'illustrer musicalement, etc... bref des propos de concierge.
Rivière,
Corresp. [avec Alain-Fournier], 1907, p. 166.
Sorry, c'est un peu long mais quitte à rectifier les erreurs des autres ...