This is the end
On redoutait ce moment depuis plusieurs années. Ce dernier GP de la saison 2021 sera surtout le dernier de Valentino Rossi. Une page de l’Histoire se tourne en ce dimanche.
Les fans de MotoGP ne peuvent qu’avoir le cœur serré en ce week-end. Celui qui les a fait rêver pendant plus de 20 ans mettra un terme à sa carrière après 432 GP, 115 victoires et 235 podiums, mais surtout après avoir révolutionné son sport. Il y a des pilotes qui resteront dans les mémoires pour leurs titres, puis il y a Valentino Rossi. Bien entendu, nous retiendrons pour toujours ses neuf titres de champion du monde, dont sept dans la catégorie reine, mais surtout, nous ne pourrons pas oublier le pilote, l’homme, celui qui a démocratisé la moto dans le monde entier. Il suffit de voir l’hommage rendu ce vendredi par l’ensemble du paddock lors d’une conférence de presse spéciale, que ce soit de la part des pilotes qui pour la plupart n’étaient pas en âge de regarder les courses ou tout simplement pas né lorsque Valentino Rossi est arrivé en Mondial en 125cc en 1996, de la part des journalistes qui étaient déjà là il y a 30 ans ou de ceux qui ont grandi avec Rossi. Et puis surtout, l’hommage des fans du monde entier. Qui aurait pu croire il y a 20 ans qu’un pilote de moto aurait autant de fans en Indonésie, aux Etats Unis, en Argentine, en Australie, ou Japon, au Moyen Orient, ou quel que soit les pays. Le basket a eu Michael Jordan, la boxe Mohamed Ali, le foot des Pelé ou Maradona, la moto aura pour toujours Valentino Rossi. Dans 10 ans, 20 ans, ou 30 ans, on se souviendra des courses du numéro 46. On le racontera à ceux qui ne l’ont pas vécu, on pourra dire « je me souviens ». Quel passionné de moto n’a jamais vibré devant une victoire de Rossi ? Même ceux qui n’ont jamais été fan ne peuvent qu’avoir pris du plaisir pendant ces années.
Il est difficile de se souvenir d’un moment marquant, ou même de 10 moments. Des premières victoires en 125cc et 250cc avec des célébrations jamais vues à ce niveau, à l’accumulation des succès dans les années 2000, jusqu’à la dernière victoire à Assen en 2017.
Valentino Rossi, c’est aussi des duels avec des pilotes de toutes les générations. Que ce soit Noboru Ueda en 125cc, puis Loris Capirossi en 250cc avant de se battre avec Max Biaggi, Sete Gibernau, Dani Pedrosa, Jorge Lorenzo, Casey Stoner, Marc Marquez et même Fabio Quartararo qui aura été présent sur le dernier podium de Rossi.
Bien entendu, sa rivalité face à Max Biaggi restera comme celle qui aura marqué les GP. L’Italie se sera déchiré face à cette rivalité, chacun défendant son poulain avec insistance. Tous les coups étaient permis entre les deux pilotes avant de voir Biaggi trop rapidement décliner et céder sous la pression du toujours souriant Rossi.
Le public s’est rapidement emparé du phénomène Rossi. On ne compte plus le nombre de drapeaux, tshirts, casquettes jaunes. Des tribunes toujours colorées, un signe de ralliement comme rarement vu auparavant dans les sports mécaniques, excepté en Formule 1 avec le rouge Ferrari. Oui, les fans se déplaçaient, non pas pour voir les courses MotoGP, mais surtout pour voir Valentino Rossi.
Un pilote qui aura changé la vie de milliers de personnes.
Que ce soit les pilotes actuels, ou le simple quidam devant sa TV, Valentino Rossi aura été un modèle depuis plus de 20 ans. Sur les 10 dernières années, la quasi majorité des pilotes MotoGP ont avoué avoir été fan du numéro 46 dans leur jeunesse.
Pour des nombreuses familles, la messe du dimanche matin a été remplacé par la messe du dimanche à 14h. Le village de Tavullia aura sonné les cloches à chaque victoire de son favori, un village qui est un pèlerinage à effectuer pour ceux se rendant vers la côte Adriatique, tout en respectant la limitation de vitesse de 46 km/h.
Pendant de nombreuses années en France notamment, si on expliquait que l’on regardait les GP moto, le nom que l’on devait citer pour que notre interlocuteur puisse peut-être comprendre de quoi on parlait était celui de Valentino Rossi.
Un pilote qui aura, comme certains jeux de société, des fans de 7 à 77 ans (et même encore plus large !) et qui reste l’idole des jeunes devenus (plus ou moins) vieux.
Il est difficile de comprendre l’aura de Valentino Rossi pour ceux qui ne connaissent pas le MotoGP. Mais il suffit de voir les fans en transe quand ils peuvent s’approcher de l’idole, de celui qui peut traverser l’Europe, son pays, voir le monde pour assister à une course MotoGP, de ceux qui étaient présent dès 6h du matin (voir avant) dans les tribunes pour obtenir les meilleures places pour la course du dimanche, de ceux pouvant rester des heures et des heures devant le motor home ou le camion de l’équipe pour tenter d’apercevoir l’idole.
Champion du Monde en 125cc, 250cc, 500cc, 800cc, 990cc, Valentino Rossi aura aussi par ailleurs modifié son style de pilotage avec les années. Si on compare les débuts en catégorie reine sur la Honda NSR 500cc et les derniers GP sur la Yamaha M1 2021, on pourra s’apercevoir de l’évolution du sport. Le style de pilotage avec seulement le genou au sol est passé à celui qui est capable de mettre le coude sur le vibreur sans chuter. Bien entendu, il y a eu l’évolution du matériel, mais ne reconnait-on pas les meilleurs pilotes dans ceux qui ont été capable de s’adapter aux nouveautés ?
Pour ne pas perdre le rythme, il s’est inspiré d’un Casey Stoner tout en glisse, d’un Jorge Lorenzo tout en finesse, ou d’un Marc Marquez tout en force réussissant à s’adapter et se battre pour les victoires face à des pilotes plus jeune que lui de 10 ans ou plus.
La carrière de Valentino Rossi restera marquée par ses choix, souvent payant, du passage de Honda après trois titres à Yamaha qui n’avait plus rien gagné depuis de nombreuses années, puis à Ducati pour un échec retentissant avant de revenir par la petite porte dans la marque d’Iwata. Mais du premier succès à Donington en 2000, en passant par celui d’Afrique du Sud en 2004 pour son début avec Yamaha, à celui d’Assen en 2013 après plus de deux ans sans victoire, Valentino Rossi restera dans les statistiques. Quasiment 21 ans entre sa première victoire en 1996 à celle d’Assen en 2017, 24 ans entre le premier et le dernier podium, des circuits où il aura été impossible de le battre pendant des années (10 victoires en Catalogne, 9 au Mugello ou à Jerez).
La longévité peut aussi s’expliquer par le fait que Valentino Rossi a très rarement chuté et ne s’est quasiment jamais blessé. Seulement sept courses manquées depuis 25 ans, sa première absence en 2010 seulement lorsqu’il se casse la jambe au Mugello, et deux GP ratés suite au Covid en 2020, ce qui est très rare à ce niveau où la grande majorité des pilotes se blessent plusieurs fois dans leur carrière.
Il y a quelques années, on se demandait comment pourrait survivre le MotoGP sans Valentino Rossi, si le public continuerait à se déplacer pour les courses en l’absence de leur idole. Et puis de nouveaux pilotes sont arrivés, de nouvelles rivalités ont commencé à se créer alors que Rossi commençait à décliner. Nous oublierons cette dernière saison qui restera comme une tournée d’adieu, mais nous pourrons toujours profiter pendant ces prochaines années des nombreuses vidéos que nous offrent Internet pour revivre les grands moments passés des 20 dernières années.
Si nous sommes là depuis des années, que nous continuons à débattre, c’est en grande partie grâce à Valentino Rossi. Des moments de joies avec les victoires, aux polémiques entre Sete Gibernau, Casey Stoner, Jorge Lorenzo ou Marc Marquez, tout le monde aura pu donner son avis et apprécier ou détester ces moments.
Pour tout cela, merci Valentino Rossi.
This is the end
Beautiful friend
This is the end
My only friend, the end