Paléo festival
Stromae: «Populaire? J’en suis fier»
21. juillet 2011, 22h30
Laurent Flückiger | Le Matin
Le maestro de l’eurodance s’apprête à retourner le Chapiteau ce soir. Alors, on danse?
![](http://www.lematin.ch/files/imagecache/600x440/stories/stromae.jpg)
L’artiste belge vient de terminer un remix du titre «Té-lé-phone», de Katerine. © DR
Il a signé le titre le plus dansant de l’année 2010. Stromae, Belge de 26 ans issu du milieu du hip-hop, évolue dans l’eurodance avec un sens de l’interprétation surprenant et un look rétro. Pour «Le Matin», il revient sur son succès.
Quand vous avez trouvé la mélodie d’«Alors on danse», vous sentiez qu’elle était imparable?
Pas vraiment. Je me disais que j’avais trouvé la direction de ce que je voulais faire: un peu de nineties sans que ce soit un copier-coller, avec un élément rap mais pas trop scolaire. Plein de gens se demandaient où ça allait. Le texte a été retouché une fois, et j’ai fait une centaine d’enregistrements de ma voix sur ordinateur. Jusqu’à ce que je trouve ce style nonchalant.
Comment expliquez-vous ce succès?
C’est peut-être parce que c’est de la dance réaliste. La facilité du refrain a aussi aidé à ce qu’«Alors on danse» passe les frontières. Le clip est clair: c’est un condensé en une journée de toutes les misères possibles. D’où un côté humoristique, également.
Le focus qui est fait sur «Alors on danse», c’est réducteur pour le reste de votre travail?
Quand on vient de nulle part, comme moi, il est normal que l’attention se porte sur un morceau. Grâce aux conseils très sains de mon entourage, on n’a pas fait la tournée des clubs pour ramasser un maximum d’argent. Il n’y en a eu que trois ou quatre par pays et on s’est attardé sur le live.
Justement, à quoi ressemblera votre live au Paléo?
Un live concret, avec des musiciens, du divertissement et l’envie de passer un petit message: je n’ai pas de problème à être populaire, je le défends fièrement. On a des effets visuels de mapping, des projections sur des objets en 3D. Le show est à la Kraftwerk, dans le côté épuré, j’entends. Et moi, je fais pleurer et rigoler.
Qui a eu l’idée de votre look vestimentaire?
Moi! Cette envie de me différencier a débuté quand je faisais encore du hip-hop. C’était une bonne école, mais je n’avais plus envie d’attachement à un style, quel qu’il soit. Au début, les amis se posaient des questions et, au final, ça a passé. L’imagerie est importante dans la musique.
Vous avez renié le hip-hop?
Oui, juste avant la sortie de mon album. J’essayais de prendre les devants sur ce qu’on allait dire de moi, j’écrivais des petits textes qui critiquent les intégristes du hip-hop. Plus tard, je me suis rendu compte que ce rejet était une crise d’ado.
Avant même le succès que l’on sait, vous avez écrit pour Kerry James ou Anggun. Désormais, les demandes doivent crouler!
J’ai eu quelques demandes de compos et je peux me payer le luxe de ne pas toutes les accepter. C’est surtout que j’ai très peu de temps en ce moment, mais j’ai terminé un remix de «Té-lé-phone», de Katerine.
Vous travaillez sur votre prochain album?
Il commence à se faire attendre. Je vais travailler dessus en septembre. Enfin… je vais d’abord glander, puis travailler. En théorie, il sera plus afro et plus latino, avec des percussions. Moins up-tempo, aussi, plus varié.
Vous citez souvent Brel comme professeur. Que vous a-t-il enseigné?
L’interprétation. Sa façon de pleurer, de rigoler ou d’imiter un mec très efféminé dans «Au suivant». Jacques Brel avait déjà compris ce qu’on essaie de faire aujourd’hui: au-delà de la musique, il y a l’image et tous les détails comptent.
Chapiteau, ce soir à 22 h 30